Des ondulations, commenaient se dessiner sur la surface de leau si calme
jusqu prsent. Le mouvement prenait de lintensit, le
ressac dposait sur
la rive des dbris maculs de vase on pouvait y distinguer des restes
humains - des membres se dtachaient
maintenant de leur couche verdatre... De
cette eau bouillonnante, mergea un corps, debout, dans le mme tat que les
rejets du
lac...
[Hars :] Sordide face, tre hideux ! On lit le mal sur ce visage. Il est l
devant moi...
[La Conscience :] Vous ne
formez quun...
[Hars :] Eje ne sens de changements...
[La Conscience :] Vous ne formez quun...
[Hars :] il nest quun
simple tas...
[La Conscience :] Vous ne formez quun...
[Hars :] de chair et dossements !
[La Conscience :] En ce mme
corps...
[Lignoble crature, tait maintenant face Hars, lair portait cette odeur nausabonde de pourriture. Sa voix se fit entendre
:]
[La bte :] Souviens toi donc de ce quest pour toi le lac : ton reflet ton
double, toute ta longue histoire. Tu assassines,
cest moi qui me manifeste,
dans ton corps, tes membres, ta tte, dans tout ton tre.
[Hars :] Cette souffrance, tous ces morts,
cet enfermement, cest toi que
je les dois ?!
[La bte :] Ne maccuse pas ainsi car tu fais erreur. Tu dois tout cela ton
fils...
[Hars :] Oublies donc ce mystrieux fils, fruit de ton imagination...
Horreurs, destruction ! Tu ne seras dans
quelques instants, plus quun
triste souvenir.
Source de souffrance, de maldiction, dmon parmi les dmons... Je dois te
dtruire
ds maintenant !
Tout en prononant ces paroles, Hars porta un coup la crature. En vain...
son poing passa au travers de ce quil
semblait tre un spectre.
[La bte :] Etre de chair, me frapper ne sert rien...
[Hars :] Crve...
[Hars tonn de
limpuissance de ses coups, se retourna vers le lac :]
[Hars :] Pourquoi tous ces coups ne latteignent-ils donc pas ? Il ne peut
tre invincible !
Je me sens tiraill, par deux grandes puissances, lune est source de vie,
lautre source de mort.
[La
Conscience :] Cet tre en toi, tu dois le vaincre. Ce combat est
intrieur.
[La bte :] Avoue le donc, que toutes ces belles
jouvencelles, leurs membres,
leurs corps se refroidissant sous ta morsure... Voil le plaisir que tu as eu
ici-bas, chose que ta
conscience ne taurait jamais permis !
Hars renouvela ses tentatives... infructueuses !
[La bte :] Arrte vite tes petits
coups dans le vent. Je ne suis pas devant
toi mais dans ton sang. Regardes les choses en face, cesse de contempler ma
face, je
domine largement sur ta misrable conscience.
Je suis en toi pour toujours, oublies ce sentiment damour, mme sortant de
la tour,
nous marcherons ensemble pour les temps...